Aller au bout du monde et ... voir un chemtrail !

Hellooo !

J’étais partie en road trip dans le bush australien avec mon chéri. Pas d'internet ni de téléphone pendant 3 semaines - il n’y avait pas de couverture réseau la plupart du temps.

Ont suivi les lâchers prises obligés sur les conforts les plus essentiels comme celui de la douche par exemple – nous tâchions d’en trouver une tous les 3/4 jours donc bien évidement on puait le feu ou disons, pour être plus précise, que l'odeur de fumée dominait. Bref : c'était chouette mais heureusement que je m'étais préparée à la choz car dîner chaque soir sur une natte dans la caillante locale, autour d’un feu nourricier car nous y cuisions notre bouffe, (ou plutôt : nous y cramions notre bouffe) - le tout au milieu d’eucalyptus géants et à des dizaines de kms de la première ferme, cernés par toutes sortes de créatures étranges – la plupart mignonnes, (kangourous, opossums, perruches) tout en surveillant les serpents et les iguanes, (ou plutôt: "les enfoirés d’iguanes") … ben c'était pas tout le temps évident. Car le propos n’était pas alors de nous dire : "surveillons les alentours au cas où il y aurait un serpent" … non : en fait il y a toujours des serpents et partout où ça chauffe bien, comme au soleil, autour du feu et dans la tente si on ne l’a pas fermée. Le van, où nous avons dormi la plupart du temps, c’est quand même plus sûr car c'est surélevé du sol : seul un opossum est rentré. Et un iguane, bien sûr.

Les premiers jours, la musique m'a manqué car je n’avais pas prévu cette absence, (flippante) de tout bruit humain - mais en fait c’était un oubli heureux car la musique encourage chacun à partir dans ses pensées propres – or là, nous étions tous les 2 connectés, (un peu en mode survie, certes) dans des espaces époustouflants et qu’on ne peut même pas imaginer dans une rêverie mentale – j’en suis encore chavirée : allez-y avant la fin du monde, ça vaut vraiment le déplacement et l'inconfort. Sans compter que ça fait une préparation/survie pour les jours sombres où il faudra se passer de plein de trucs qui nous paraissent pour l’instant rédhibitoires.

Car ce qui fait le total changement avec les voyages "classiques" a été de nous mettre "off the grid" dans un pays étranger et un peu hostile. J’explique : on était en brousse, (déjà rien que ça, ça craint beaucoup beaucoup) avec : Peu de jus - Petite réserve d’eau – Pas de fridge – Pas de station essence proche – Pas de magasin proche – Pas de secours possible – Pas de GPS, (bug incompréhensible avec ce fucking device) donc on a sorti les cartes en papier et ça, ce fut très chiant parce que nous sommes tous deux des gros nuls dans le domaine et qu’on s’est retrouvé plusieurs fois à des croisements par exemple un jour, (en plus le jour déclinait) au milieu d’un immense plateau quasi désertique avec 3 routes qui partaient chacune à perte de vue chépa où – ben on a eu les boules mais bon : nous sommes vivants, contents - donc les rares émotions négatives sont oubliées ou sublimées – et surtout nous sommes complètement sous le charme au point de nous demander : "mais si c’était là-bas le nouveau monde ?" Alors , pour répondre à cette question, j’ai décidé de repartir cette année mais cette fois j’irai sans protection masculine parce que j’estime que c’est de la triche et que ça a dû fausser ma perception car même si j’ai tout géré comme mon cher et tendre, il allait sans dire que je pouvais m’endormir contre lui et que du coup j’ai toujours très bien roupillé – et pas lui, (il est d’ailleurs fatigué).

Bon la vraie raison est que je voudrais arrêter à 100% d'être une fiotte - je le concède, allez.

Le problème est que je ne connais aucune femme intéressée pour venir avec moi. Les filles à qui j’en ai parlé sont épouvantées rien qu'à l'idée – je ne comprends pas pourquoi parce que je ne leur ai parlé ni des araignées qui sont monstrueuses - toutes létales ni du caca matinal dans le bush – avec la pelle, (pliable) pour l’enterrer.

Voilà j’en viens au "meilleur" que j’ai gardé pour la fin car c’est pour ça, ce billet – à la base du moins : nous étions un matin à Bald Rock = la 2^ème plus grosse caillasse du continent, (on a grimpé et c’était haut) et je me hisse, (oh punaise c'était haut) sur le pinacle … et là : je vois une splendeur … le continent australien à 360° - je suis saisie par l’émotion – les forêts et les montagnes se succèdent à l'infini – la nature vibre sous le soleil ardent et une senteur/vapeur étrange monte de la roche brûlante- un cri d'oiseau frappe mon imagination et oui : c'est bien un aigle et il vole sous moi - inracontable vertige mais je voulais quand même raconter alors j’appelle Flatcat car ce jour-là j’avais pris mon téléphone, ayant la certitude d’avoir du réseau à cette altitude et c’était le cas - et il me restait un peu de batterie - driiiiiiiiing ...

Flatcat n’a pas répondu. Flatcat ne répond jamais – cela me fut pénible.

Je descends de quelques mètres et j’ouvre une grosse boite étanche contenant une sorte de livre d’or. Je lis le dernier commentaire histoire de m’inspirer – é bé j’ai pas été déçue car c’était "Daniel from Israël" qui s’exclamait : "Splendid country ! What a good trip" - un truc du genre. Traduction : ce gars se balade au paradis et s’amuse bien alors que chez lui il y a des gens en enfer … Alors j’ai écrit, (rageusement) : "Françoise from France" : "Palestine will win" - ok je sais c’est assez nul mais j'ai manqué d'à propos - ça m'arrive tout le temps en ce moment.

Et là, (c’est là que ça devient vraiment intéressant et que vous allez commencer à croire à une galéjade) : je re-lève les yeux sur le ciel vibrant et je VOIS ...

un chemtrail de plusieurs kms de long – et la preuve :

Vision cauchemardesque dans cette immensité immaculée au bout du monde sur une terre bénie entre toutes – je vous laisse juge - hélas on ne se rend pas vraiment compte de l'énormité sur la photo. Choquant viol de la Nature - en toute impunité - quels enfoirés ... L'enfer nous poursuit - ça nous a pété le moral. Bon : on s'est forcé à zapper et le reste du voyage fut un enchantement.

Allez en Australie – vraiment allez-y !!! Vendez quelque chose – volez un riche si nécessaire mais offrez-vous un road trip dans le bush ! Allez voir un lever de soleil sur une plage de surf – sable blanc et fin comme de la farine – et pour vous tous seuls. J’vous donnerai l'adresse !

Sauf que bien sûr, on ne peut pas se baigner à cause des méduses tueuses, des requins blancs et des raies … Dieu a été distrait, semble t-il ? En tous cas, il a parsemé quelques dangers mortels au milieu de ces splendeurs ... c’est abusé, franchement - et on ne l’a su qu’en fin de séjour aussi nous sommes-nous plusieurs fois jetés dans les petits rouleaux du lever du jour, insouciants – comme au premier matin du monde.

C'est confortable, l'inconscience. On croit au Paradis. On se battrait contre quelqu'un qui nous dit que derrière le décor, l'enfer existe.